image du film.DÉLICES LOINTAINS (CARNET FILMÉ : 1er janvier 2004 – 31 décembre 2004)

Année : 2004. Durée : 2 H 05'

Fiche technique :
Réalisation, concept, image, partition sonore, montage : Gérard Courant.
Production : Gérard Courant, Les Amis de Cinématon.
Interprétation : Jean-Marie Audigier, Joseph Morder, Mauricio Hernandez, Leïla Colin-Navaï, Marc Pierret, Lisa Courant, Rose-Anaël Courant, Sylvie Laroche, Michel Laroche, Maria Teresa Aquevedo, F.J. Ossang, Matteo Califano, Alain Paucard, Barbara Peón Solis, Emma Juliana Peón Solis, Salvador Peón Solis, Jordán Estevan.
Tournage : Montreuil-sous-Bois (France), Laon (France), Paris (France), Issy-les-Moulineaux (France), Burzet (France), Mézilhac (France), Le Puy (France), Priay (France), Lagny-sur-Marne (France), Saint-Marcellin (France), Dieppe (France), Muchedent (France), Mexico (Mexique), Guadalupe (Mexique), Zacatecas (Mexique), Querétaro (Mexique), San Miguel de Allende (Mexique), Liège (Belgique).
Format de tournage :  Super 8 mm.
Pellicule : Kodachrome.
Fomat de diffusion : Vidéo.
Cadre : 1,33.
Procédé : Couleur.
Collection publique : BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).

Présentation >>>

Cet épisode des Carnets filmés, Délices lointains, qui s’étale sur l’année 2004, trouve son point d’orgue dans sa dernière partie avec mon voyage au Mexique avec la photographe Barbara Peon Solis. Le Mexique traverse cette partie des Carnets tel un rayon de soleil. Beauté des couleurs, beauté des visages, beauté architecturale, beauté baroque. C’est un regard baroque en Kodachrome qui cherche (et la trouve ?) l’âme du Mexique. C’est une vision complètement opposée à celle de mes Carnets filmés en vidéo (Expocisión) qui, eux, proposent une vision européenne, froide, matérialiste du Mexique.

Cependant, Délices lointains, tel un leitmotiv, n’oublie pas les contrées qui sont chères à mon coeur : Saint-Marcellin, dans l’Isère, Burzet et l’Ardèche, le Bugey mais aussi Dieppe, Liège, Marseille... et les amis Ossang, Marc Pierret, Jean Daviot, Dominique Noguez, Alain Paucard, Jean-Pierre Bouyxou qui sont, là, imprimés sur ma pellicule.

(Gérard Courant)

Critique >>>

LA NOUVELLE VAGUE DU JOURNAL INTIME

« Certains, comme Alain Cavalier et Gérard Courant confient leur vie à la caméra. Agé aujourd’hui de 54 ans, Courant est à la tête d’une oeuvre incroyablement diverse et originale : plus de 800 films, parmi lesquels ses Carnets filmés qui constituent un véritable journal sur pellicule ».

(Alain Riou, Le Nouvel observateur, 9 mars 2006)



LOIN DU FOLKLORE

Délices lointains est une chronologie comme tous les Carnets filmés de Gérard Courant. Ce qui explique qu’à la suite du bois de Vincennes, de Montreuil, de l’Ain, de Dieppe, etc. on trouve le Mexique. Y a-t-il un hiatus entre deux continents, deux pays qui sont liés – fort lâchement – par napoléon III et le « mano en la mano » de de Gaulle ? Oui, mais il y a quelque chose de plus essentiel qui rapproche les deux ! Dans les villes – ou gros bourgs – filmés par Courant se révéle le vide de la vie urbaine, son quadrillage par ce que certains appellent la civilisation qui est faite de plaques de rues, de panneaux indicateurs, de feux de signalisation. La preuve en est donnée a contrario par la Passion, filmée dans la nature, qui est pleine de la vie rurale, de la vie d’avant l’Industrie, de la vie d’avant, de la vie.

Et, s’affirmant, implacable : l’archétype du labyrinthe.

(Alain Paucard, 27/XI/08)



GÉRARD COURANT SAISIT QUELQUE CHOSE DU PRÉSENT POUR SE RAPPROCHER DU PASSÉ

Il faudrait commencer par dire que les Carnet filmés de Gérard Courant sont comme le bon vin : il faut les faire vieillir un peu pour en savourer tout l’arôme. Infatigable archiviste du temps présent, le cinéaste œuvre sans aucun doute pour la postérité (tant pis si le mot est un peu pompeux) et si une vision trop rapide de certains carnets récents pourrait nous faire songer à de banals films amateurs, la découverte des plus anciens prouvent déjà à quel point ces images n’ont pas de prix.

Dans tous ces Carnets filmés, la volonté du cinéaste est de graver sur pellicule des instants précieux, des bribes de ce qui deviendra peut-être par la suite un film, des esquisses afin de composer un ensemble s’apparentant à une sorte de journal intime ou de carnet de peintre.

Il est amusant de voir ces Carnets à la suite pour repérer ce qui reste immuable chez le cinéaste (ses séjours à Burzet dans l’Ardèche pour filmer la reconstitution de la Passion du Christ au moment de Pâques. C’est de cette matière filmique qu’il tirera ensuite son film 24 passions) et ce qui évolue : autant L’artifice et le factice qui date de 1988 est marqué par une incroyable exposition médiatique du cinéaste qui vient alors de passer le cap du 1000ème Cinématon ; autant Délices lointains (2004) s’avère beaucoup plus intimiste et contemplatif, comme s’il visait désormais à une sorte de sérénité loin du bruit et de la fureur de la capitale.

Plus les années passent et plus Gérard Courant semble s’éloigner de Paris (les plans qu’il tourne depuis son appartement à Montreuil donnent le sentiment d’être à la campagne) et cherche à se rapprocher de son enfance. On le voit retourner sur les lieux clés de son existence : Dijon, le Jura et la Suisse via un séjour chez sa sœur (Le passé retrouvé) ou encore Saint-Marcellin (Délices lointains).

Un plan bref et a priori banal pourrait résumer de manière assez limpide toute cette entreprise des Carnets filmés. Il se trouve dans Délices lointains alors que le cinéaste rend compte d’un voyage au Mexique qu’il a effectué à la fin de l’année 2004 en compagnie de Barbara Peón Solis. Il s’agit d’un vulgaire plan sur une affiche publicitaire ( ?) où l’on distingue néanmoins clairement le mot « Walden ». Et c’est bien du côté de Jonas Mekas qu’il faut chercher l’inspiration principale de ce journal filmé (alors que les films « sériels » de Courant font davantage penser aux frères Lumière et à Warhol). Comme chez le cinéaste américain, on constate une attention toute particulière aux saisons, à la météorologie (la neige fascine visiblement Courant), à la lumière et à la nature.

Le montage alterne habilement des séquences assez contemplatives et des moments plus expérimentaux, où le « jump cut » et le sentiment de vitesse tiennent lieu de grammaire cinématographique. Courant cite d’ailleurs explicitement Jonas Mekas lorsqu’il filme (notamment dans Délices lointains mais pas seulement) un soleil rougeoyant à l’horizon, rappelant ce moment magique de Walden où l’on voit le soleil se lever entre les building new-yorkais.

On retrouve chez le français le désir d’un cinéma impressionniste, parvenant à travers des images a priori banales (la nature, les saisons, les instantanées familiaux ou amicaux – avec de vieux complices comme Joseph Morder ou Alain Paucard – qui réapparaissent régulièrement) à saisir quelque chose du présent pour se rapprocher du passé.

(Docteur Orlof, Le Blog du Docteur Orlof, 4 février 2011)

 


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