Année : 2018. Durée : 2' 32''
Fiche technique :
Réalisation, conception, montage : Gérard Courant (à partir de Back and Forth de Michael Snow).
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Fabrication : Décembre 2018 à Montreuil-sous-Bois (France).
Format : Vidéo.
Cadre : 1,33.
Procédé : Couleur.
Collection publique : BNF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Année : 2018
Durée : 2 minutes 32 secondes.
Compression Back and Forth de Michael Snow est la réduction de 25 fois sa durée de Back and Forth, le film que Michael Snow a tourné en 1969 d’une durée de 52 minutes en un film de 2 minute 32 secondes. Le film est « compressé » à la manière d’une œuvre de César. Mais à la différence du travail de cet artiste qui compressait des objets usuels, Compression Back and Forth de Michael Snow compresse une œuvre d’art !
Le tour de force et le pari de Compression Back and Forth de Michael Snow a été de fabriquer une compression totale : dans ce film, il ne manque pas un seul plan du film original !
Dans la série des Compressions, initiée en 1995, Gérard Courant ne s’intéresse plus à l’artiste mais à l’œuvre, qui devient un objet et un signe culturel au même titre que les produits de la société de consommation compressés par les Nouveaux Réalistes. Avec le sentiment d’appartenir à une cinéphilie en train de disparaître, qui a découvert le cinéma dans les années 1960 avant que ne déferle le flot d’images et de médias, quand il était encore possible d’en avoir une vision synthétique, il entend revisiter les classiques sous forme de digests, condensés, réduits, mais sans qu’il ne manque un seul plan.
Commencée en 1965 par Alphaville de Jean-Luc Godard, créé trente ans plus tôt, la série des Compressions se poursuit. (…) En isolant et en montrant bout à bout une image par seconde de film, Gérard Courant livre une compression de procédé rationnel et systématique, à contre-courant de la perception subjective du film par le spectateur, de « l’expérience esthétique ». La réduction (…) éloigne l’œuvre de la forme sous laquelle elle persiste dans les mémoires individuelle et collective, qui tendent à isoler quelques images iconiques comme autant de vignettes métonymiques (…) et à dilater la durée de certains passages pour en condenser d’autres. Mettant en évidence la structure de l’œuvre initiale, la compression, dépouillée de tout affect, la donne à voir autrement.
(Judith Revault d’Allonnes, catalogue Chefs-d’œuvre ?, Centre Pompidou-Metz, mai 2010)
Back and Forth (1969) est une suite de panoramiques horizontaux et latéraux, balayant l’espace (une salle de classe) de plus en plus vite (les horizontaux), puis de plus en plus lentement (les verticaux) qui, en une fusion de couleurs, dissolvent la matière (murs, néons électriques, fenêtres, meubles) et la lumière par le mouvement aller et retour incessant de la caméra. D’une précision mathématique, chaque mouvement atteint et heurte un mur et un cadre imaginaire où se cogne le regard.
Le balayage hyper-rapide de la caméra renvoie aux premières images, sans perspective et sans forme fixe, perçues par l’enfant.
Plus encore que Wavelength, des actions ont lieu où se métamorphose, à partir d’une porte et de plusieurs fenêtres, la dialectique de l’extérieur et de l’intérieur.
Le film s’achève par un procédé de surimpression, qui résume les principales actions, dans une débauche de mouvements croisés horizontaux et verticaux.
(Gérard Courant, Art Press, n° 25, février 1979)
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