WERNER SCHROETER.

Les Soleils d’Infernalia, n° 16, août 1978.

Werner Schroeter, c’est un nom qui résonne très fort dans les oreilles de nombreux cinéphiles du début des années 70. Créant un nouveau style et un nouveau genre cinématographiques, il inventa ce que l’on appela alors : « le nouveau baroque allemand ».

Bouleversant les habitudes avec des éclairages très expressionnistes, des images décadentes (même s’il refuse ce qualificatif), utilisant des musiques diverses et disparates (opéra, rock, variété), façonnant de nouvelles stars (dont la fabuleuse Magdalena Montezuma), Werner Schroeter su nous étonner et nous surprendre.

Des oeuvres d’une exceptionnelle qualité demeurent très profondément ancrées dans nos mémoires. Que l’on se souvienne d’Eikka Katapa (1969), Der Bomberpilot (1970), Salome (1971), La Mort de Maria Malikbran (1972) ou de Willow Spring (1973).

Dans son sillage, plusieurs cinéastes se sont engouffrés dans son art exemplaire, hiératique, romantique. Daniel Schmid, Rosa von Praunheim, Robert van Ackeren ou Hans-Jürgen Syberberg sont de ceux-là. Et Werner Schroeter s’est sans doute senti un peu pillé – lui, l’éclaireur – par certains cinéastes, Syberberg en particulier.

Au Festival de Cannes où fut programmé à la Quinzaine des Réalisateurs, son dernier film, Le Règne de Naples, Werner Schroeter ne se souciait visiblement guère de ses anciens compagnons de route munichois, ayant sur le passé un regard hautain et lointain.

Dans une longue discussion, il a accepté de nous parler de beaucoup de choses, de Syberberg aussi, remettant ainsi certaines réputations à leur juste place.

Gérard Courant.

 


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