COEUR BLEU, LE FILM ESPOIR POUR TOUS LES PAUVRES AUTEURS.

Alain Riou, Le Matin de Paris, 26 mai 1981.

Ce long métrage de la section Perspectives a coûté 1100 F

Dans son genre, c’est un des événements les plus importants du festival. La projection de Coeur bleu, le film de Gérard Courant de la section Perspectives du Cinéma français, ouvre aux jeunes auteurs–réalisateurs des horizons que personne ne soupçonnait. Ce long métrage, qui dure une heure vingt et qui a pu faire l’objet d’une impeccable projection dans la grande salle du Star 2, n’a coûté que 1100 F. Vous avez bien lu : 110 000 centimes. Ce n’est pas le fruit d’un miracle, mais le résultat des progrès considérables qu’a fait, ces dernières années, le Super 8.

Coeur bleu, pour l’instant, n’existe qu’à un seul exemplaire. Les frais de production, qui atteignent moins de la moitié du SMIC, couvrent essentiellement l’achat de la pellicule (développement compris). Il s’agit d’un Kodachrome 25 ASA de type inversible, c’est–à–dire que le négatif même devient positif par une opération de laboratoire. Mais l’essentiel est ailleurs. Il réside dans la qualité exceptionnelle de cette émulsion assez lente, qui permet une projection absolument impeccable sur des écrans que leur format réservait jusqu’ici au 35 mm. Autre avantage : la légèreté du matériel permet une prise de vues en équipe réellement minimum.

Coeur bleu a été entièrement tourné dans les lumières dorées de la Cerdagne, le réalisateur cumulant les fonctions d’opérateur, cadreur, pointeur, scénariste, monteur et tout ce qui peut être fait par un seul homme. C’est ainsi que Gérard Courant a pu tourner, au cours de l’année dernière trois longs métrages, dont plusieurs interprétés par Gina Lola Benzina, musicienne de rock dont la présence ajoute à l’insolite de l’opération Coeur bleu.

« Il est évident que le coût dérisoire du Super 8 peut permettre à de jeunes auteurs de s’exprimer en dehors de toutes les contraintes financières qui pèsent très lourdement, jusqu’ ici, sur les épaules des débutants. Cela dit, à mes yeux, le Super 8 n’est pas une arme anti–production traditionnelle. C’est surtout une manière de filmer qui répond, enfin, trente ans après, à la formule lancée par Alexandre Astruc : la caméra–stylo. Le Super 8 permet une écriture personnelle presque totalement libre. Malheureusement, les coûts de « gonflage » restent encore élevés (il faut compter 40 000 F pour une copie 16 mm et 120 000 F en 35 mm) pour permettre de donner à ce système une diffusion complète. J’espère trouver le financement pour le transférer en 16 mm. À l’avenir, je pense pouvoir travailler en 35 mm pour des films plus classiques, et poursuivre les expériences en Super 8 pour tout ce qui concerne des films consacrés à la recherche. »

 


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