image du film.COMPRESSION LE ROMAN D’UN TRICHEUR DE SACHA GUITRY

Année : 2013. Durée : 3' 30''

Fiche technique :
Réalisation, conception, son, montage : Gérard Courant (à partir de : Le Roman d’un tricheur de Sacha Guitry).
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Fabrication : Octobre 2013 à Montreuil-sous-Bois (France).
Format : Vidéo.
Cadre : 1,33.
Procédé : Noir et blanc.
Collection publique : BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).

Présentation >>>

Compression Le Roman d’un tricheur de Sacha Guitry est la réduction de : Le Roman d’un tricheur (1936), le chef d’oeuvre de Sacha Guitry, d’une durée de 1 heure 17 minutes, en un film de 3 minutes 30 secondes. Le film est « compressé » à la manière d’une œuvre d’Arman ou de César. Mais à la différence du travail de ces artistes qui compressaient des objets usuels, Compression Le Roman d’un tricheur de Sacha Guitry compresse une œuvre d’art !

Le tour de force et le pari de Compression Le Roman d’un tricheur de Sacha Guitry a été de fabriquer une compression totale : dans ce film, il ne manque pas un seul plan du film original !

Critique >>>

RECHERCHE PERMANENTE SUR LE CINÉMA

Le jeu avec les vitesses de l’image nous permet de s’éloigner de la nature. Le cinéma n’est plus seulement utilisé à reproduire la réalité des corps et des mouvements, il peut au contraire s’en échapper pour nous donner à voir autre chose. En partant d’une image empreint au réel, le cinéma peut alors nous faire découvrir tout autre chose. Rudolf Arnheim, prend pour exemple, la croissance des plantes ou des fleurs ; en effet sans l’intervention du cinéma, nous pouvons que constater cette croissance, le cinéma nous permet ainsi de voir l’évolution de la croissance étape par étape. C’est la découverte d’un nouveau monde. Étienne-Jules Marey, avec ses chronophotographies, renouvelle lui aussi la perception. La vitesse des images est pour lui un moyen de rendre perceptible des choses qui ne le sont pas. La vitesse est ainsi une expérience pour le spectateur. Gérard Courant dans sa série Compressions, initiée en 1995, s’intéresse plus à l’artiste mais à l’œuvre elle-même. « La réduction éloigne l’œuvre de la forme sous laquelle elle persiste dans les mémoires individuelles et collectives », le spectateur est ainsi plongé dans une expérience – nouvelle – esthétique. C’est de cette expérience que le spectateur peut ainsi se réapproprier l’œuvre et l’appréhender d’une autre manière que la forme initiale qui est ancrée dans la mémoire. Gérard Courant glisse vers une esthétique du déplacement, il recycle, il déplace, il réinterprète le cinéma et repense ainsi le rapport au monde à travers l’art. L’action de l’art constituerait à glisser d’une réalité à une autre, il semblerait que chez Gérard Courant il s’agisse d’avantage de déplacer une réalité au travers d’un médium spécifique, en l’occurrence ici le cinéma. « Le monde réel » est semble-t-il, chez le cinéaste, le point de départ de toutes ses œuvres, il soustrait la forme de l’espace du « monde réel » pour la disposer dans un espace différent, un espace en modulation.

Gérard Courant effectue une recherche permanente sur le cinéma, il explore le médium sous toutes ses formes. Il va parfois jusqu’à décomposer ce dernier. C’est notamment ce qu’il fait avec ses compressions, série commencée en 1995, où il s’attaque à certains « classiques » de l’histoire du cinéma. Compression Le Roman d’un tricheur de Sacha Guitry est la réduction du Roman d’un tricheur (1936), réalisé par Sacha Guitry d’une durée de 1 heure 17 minutes, que Gérard Courant parvient à compresser jusqu’à le réduire à 3 minutes 30 secondes. Le film est compressé à l’identique des œuvres de César, bien qu’il ne s’agisse pas d’objets usuels mais d’une création artistique. La compression est telle que dans ce film il ne manque pas un seul plan au film de Sacha Guitry.

(Estelle Pajot, L’oeuvre filmée de Gérard Courant, Université de Bourgogne, UFR Sciences Humaines et Sociales, Département Histoire de l’Art et Archéologie, sous la direction de Isabelle Marinone, 2014)


 


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