image du film.GODIN PAR COURANT

Année : 1999. Durée : 23'

Fiche technique :
Réalisation, concept, montage : Gérard Courant.
Son : Jean-Daniel Bécache, Gérard Courant.
Interprétation : Noël Godin, Julie Grelley, Joseph Morder, Mahmoud Bouchere, Jean-Pierre Bouyxou, Steeve Carrière, Denis Chollet, Laurent Chollet, Gérard Courant, Philippe Deprez, Luc Jestin, Sabah Karim, André Lannier, Patrick Leboutte, Gérard Lelarge, Éliane Lelarge, Virginie Mascolo, Laurent Moyon, Lolita Nanbru, François Raoux, Sylviane Robischung, Amélie Rufenacht.
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 30 mai 1982 au 13 mai 1999 à Massy (France), Cannes (France), Bruxelles (Belgique).
Format : Kodachrome Super 8.
Cadre : 1,33.
Procédé : Couleur.
Collection publique : BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).

Présentation >>>

Godin par Courant est une compilation des différentes participations de Noël Godin, le célèbre entarteur, dans les séries cinématographiques et les films de Gérard Courant.

En voici le détail :

-Cinématon n°215 (1982).

-Couple n°71 (1990).

-Portrait de groupe n°123 (1990) : Boudou à la plage royale de Cannes.

-Boudou prend son bain (1990).

-Le Journal de Joseph M (extrait) (1999).

-Derrière la nuit (extrait Carnet filmé) (1999).

Critique >>>

INTERLUDE GLOUPINESQUE

Suite au « questionnaire Libé » où j’exprimais une fois de plus mon affection pour Noël Godin, un des rares « agitateurs » à me faire rire à chacune de ses apparitions, Gérard Courant m’a fait parvenir un DVD regroupant toutes les apparitions du célèbre entarteur belge dans son œuvre. Cette compilation n’est pas très longue (une vingtaine de minutes) mais a le mérite d’offrir un panorama des divers dispositifs mis en œuvre par l’infatigable Courant.


On commence d’abord par un Cinématon, pièce maîtresse du cinéaste sur laquelle je reviendrai prochainement (celui de Noël Godin est le numéro 215 et date de 1982) et qui consiste en un seul plan fixe muet d’un peu plus de trois minutes où la personnalité filmée est libre de faire ce qu’elle souhaite devant l’objectif de la caméra.


En 1990, Noël Godin, accompagné de la très belle Julie Grelley, participe au 71ème numéro de la série Couple qui repose sur le même dispositif que Cinématon sauf qu’au centre du plan large, fixe et muet, il n’y a pas une seule personne mais un couple (Courant en a tourné 120 depuis 1985). Au même moment (le film a été tourné dans la continuité, pendant le festival de Cannes), Godin participe à la série Portrait de groupe (239 depuis 1985) qui élargit encore ce fameux plan fixe muet aux dimensions d’un groupe de personnes réunis pour une occasion quelconque.


Connaissant Noël Godin, on pouvait deviner qu’il allait tirer les « films dispositifs » de Courant vers le cinéma burlesque et c’est effectivement ce qui se passe. Pour son Cinématon, il tient en main un énorme couteau de boucher avec lequel il tente de beurrer une tartine ou d’ouvrir une bouteille de lait. De la même manière (toujours avec son couteau à la main), il tente d’ouvrir une bouteille de vin ou de se faire du café. Mais comme chez les grands burlesques, les objets se montrent récalcitrants et sont le point de départ de multiples catastrophes.


Idem pour Couple qui repose sur le principe vieux comme Laurel et Hardy du « œil pour œil, dent pour dent » : le couple formé par Godin et Grelley joue effectivement avec la nourriture qui se trouve à portée de leurs mains et conduit le récit vers une surenchère burlesque assez réjouissante. Tourné dans la foulée, le Portrait de groupe montre les complices du couple intervenir dans le champ et éviter les deux « stars » qui cherchent à les salir.


Je reviendrai plus longuement sur l’intérêt immense de ces « plans Lumière » auxquels Courant a redonné une actualité avec ses Cinématons et autres dispositifs filmiques.


Ce qu’il y a d’intéressant chez lui, c’est aussi cette boulimie de tourner à tout prix. Boudou prend son bain, un court-métrage de trois minutes a visiblement été improvisé après les deux films tournés à Cannes. On y voit Noël Godin entrer dans la Méditerranée tout habillé après le fameux repas farcesque de Couple et de Portrait de groupe et se faire secourir par deux jolies naïades au moment où les flots vont l’engloutir.


De la même manière, lorsque Gérard Courant tourne en 1999 un Journal de Joseph M dont je reparlerai également plus tard et où l’on voit Noël Godin et Joseph Morder faire les pitres devant la caméra ; il tourne en parallèle ses fameux Carnets filmés qui appartiennent plus directement au genre du « journal intime » et où l’on aperçoit à nouveau notre cher entarteur (pour les plus maniaque, ce « carnet » est le 26ème et il est intitulé Derrière la nuit).


Derrière la frivolité apparente de cette compilation gloupinesque, on peut découvrir un précipité de toute l’œuvre de Courant et un certain nombre d’enjeux de son cinéma…


(Dr Orlof, Le blog du Dr Orlof, 15 novembre 2009)



LUMIÈRE ? MÉLIÈS ?

Le Docteur parle de "plans Lumière" pour le Cinématon (et Portrait de groupe ou Couple). Ce qui me fait penser qu'en réalité le cadre est effectivement "Lumière", mais ce qui s'y passe demeure assez souvent "Méliès" (facétie, gag, apparition, disparition, etc...). Aurais-tu donc réussi la parfaite alchimie entre les deux tendances ? Mais parfois je me demande aussi si le cadre ne serait pas "Méliès" (une scène donc) et ceux qui s'y trouvent "Lumière" parce qu'on les y découvre "nature" (nature plutôt que naturel, c'est-à-dire avec toutes leurs composantes de personnalités multiples)...


(Philippe Leclert, 16 novembre 2009)



SURCHARGE

Noël Godin, critique belge et subversif, qui a eu son heure de gloire au dernier Festival de Cannes en balançant une tarte à la crème dans la figure de Godard, lutte contre l'anonymat en surchargeant le plan de ses trois minutes et demie. Durant lesquelles il réussit à : se tartiner du fromage, déboucher une bouteille de vin, ouvrir une boîte de lait avec un grand couteau de cuisine, et se renverser une marmite d'eau sur la tête.


(Michel Mardore, Le Nouvel Observateur, 5 juillet 1985).





 


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