image du film.COMPRESSION LA RÉGION CENTRALE DE MICHAEL SNOW

Année : 2018. Durée : 8' 36''

Fiche technique :
Réalisation, conception, montage, son : Gérard Courant (à partir de La Région centrale de Michael Snow).
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Fabrication : Décembre 2018 à Montreuil-sous-Bois (France).
Format : Vidéo.
Cadre : 1,33.
Procédé : Couleur.
Collection publique : BNF (Bibliothèque nationale de France), Paris.

Présentation >>>

Compression La Région centrale de Michael Snow est la réduction du chef d’œuvre du cinéma expérimental et du cinéma tout court, La Région centrale de Michael Snow tourné en 1971, avec le concours de Pierre Abbeloss à la caméra, d’une durée de 3 heures 20 minutes en un film de 8 minutes 36 secondes. Le film est « compressé » à la manière d’une œuvre de César. Mais à la différence du travail de cet artiste qui compressait des objets usuels, Compression La Région centrale de Michael Snow compresse un chef d’œuvre artistique !

Le tour de force et le pari de Compression La Région centrale de Michael Snow a été de fabriquer une compression totale : dans ce film, il ne manque pas un seul plan du film original !



LA RÉGION CENTRALE DE MICHAEL SNOW PAR GÉRARD COURANT

Dans un espace désert de la toundra canadienne, Michael Snow a installé, pour la réalisation de son film La Région centrale (1971), un dispositif révolutionnaire, spécialement conçu pour la circonstance : une caméra fixée sur un trépied omnidirectionnel d’une flexibilité remarquable qui permet d’entreprendre tous les mouvements possibles (spirales, boucles, etc) d’une caméra afin d’explorer, 3 heures durant, un espace vide de toute civilisation, où nul humain ne vient encombrer le champ filmique.

Envoûtant, fascinant, hymne au cosmos, à la terre, ce monument cinématographique, dans sa démesure même, fait vaciller la pensée. La perception est soumise à un exercice périlleux car les mouvements de la caméra n’épousent pas ceux de l’œil et du corps. Le regard tournoie et la place du spectateur s’immobilise vers un point incertain très proche de la caméra.

(Gérard Courant, Art Press, n° 25, février 1979)

Critique >>>

GÉRARD COURANT NE S'INTÉRESSE PLUS À L'ARTISTE MAIS À L'OEUVRE

Dans la série des Compressions, initiée en 1995, Gérard Courant ne s’intéresse plus à l’artiste mais à l’œuvre, qui devient un objet et un signe culturel au même titre que les produits de la société de consommation compressés par les Nouveaux Réalistes. Avec le sentiment d’appartenir à une cinéphilie en train de disparaître, qui a découvert le cinéma dans les années 1960 avant que ne déferle le flot d’images et de médias, quand il était encore possible d’en avoir une vision synthétique, il entend revisiter les classiques sous forme de digests, condensés, réduits, mais sans qu’il ne manque un seul plan.

Commencée en 1965 par Alphaville de Jean-Luc Godard, créé trente ans plus tôt, la série des Compressions se poursuit. (…) En isolant et en montrant bout à bout une image par seconde de film, Gérard Courant livre une compression de procédé rationnel et systématique, à contre-courant de la perception subjective du film par le spectateur, de « l’expérience esthétique ». La réduction (…) éloigne l’œuvre de la forme sous laquelle elle persiste dans les mémoires individuelle et collective, qui tendent à isoler quelques images iconiques comme autant de vignettes métonymiques (…) et à dilater la durée de certains passages pour en condenser d’autres. Mettant en évidence la structure de l’œuvre initiale, la compression, dépouillée de tout affect, la donne à voir autrement.

(Judith Revault d’Allonnes, catalogue Chefs-d’œuvre ?, Centre Pompidou-Metz, mai 2010)

 


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